Mademoiselle K, guitare et bottes à talon biseauté, se croit toujours dans un western. Elle a toujours sa tête de Pat Benatar. Mais elle se la prend moins. Après son premier album, elle s’est retrouvée strassée, stressée. Son marchand de fruits et légumes l’apostrophait pour la jouer photo-souvenir avec la vedette locale. Elle est devenue parano. Elle s’est recentrée sur l’essentiel, les compos, à se faire seule les questions et les réponses, avec ses jouets. Elle a ressorti sa guitare, son piano, posé des patterns de batterie. Durant un an et demi, elle a écrit, retouché, biffé, réécrit jusqu’à ce que chaque couplet valide l’intention première, phrases en vison doublé. Un an et demi, ce n’est jamais trop long : Mademoiselle K écrit binaire comme il faut pour réinventer le rock à la française. Jusqu’à ses 20 ans, Mademoiselle K, Katerine Gierak à la ville, faisait de la guitare classique. Conservatoire de Boulogne, études de musicologie. La mère, fan d’opéra, rêvait d’être pianiste. Son père, qui jouait de l’accordéon, écoutait Elvis et Aznavour. Fille d’immigrés polonais. Toute son enfance, Katerine Gierak a entendu ses parents devoir épeler leur nom. Les parents ne sont jamais mieux vengés que par leurs enfants. Mademoiselle K — en entier — l’a fait. Sans une faute.